Ces loyautés qui nous gouvernent sans qu'on le sache
- Audrey TOUBOUL
- 1 mai
- 3 min de lecture
On croit souvent faire nos choix librement.
Et pourtant, derrière certaines décisions, certains blocages ou des schémas qui se répètent, il arrive qu’il y ait autre chose à l’œuvre.
Quelque chose de plus profond. De plus ancien. Quelque chose qu’on ne voit pas… mais qui agit. Ce sont les loyautés invisibles.

Qu’est-ce qu’une loyauté ?
Une loyauté, c’est un lien inconscient et invisible qu’on tisse avec une figure importante de notre vie — souvent un parent, un grand-parent, une fratrie, une lignée...
Ce lien nous pousse à être inconsciemment fidèle à cette personne ou à son histoire : à ses blessures, à ses limites, à ses renoncements.
Parfois par amour, par peur de l’abandon, ou simplement parce qu’on a été construit dans ce système.
Et même si cela va à l’encontre de nos élans les plus profonds, on continue de porter quelque chose pour l’autre. Souvent sans même s’en rendre compte.
Comment se mettent-elles en place ?
Les loyautés se construisent très tôt, souvent dès l’enfance. Elles naissent dans l’invisible, au contact de ce qui n’a pas été dit, ou de ce qu’on a ressenti très fort sans jamais pouvoir le nommer.
Elles peuvent s’installer :
- à travers les émotions tues ou les douleurs non exprimées dans la famille
- par des phrases comme “tu es tout pour moi”, “ne sois pas comme ton père”, “fais-le pour ta mère”
- par les silences, les secrets, les non-dits
- ou tout simplement par la place qu’on nous a attribuée
Elles peuvent aussi être transgénérationnelles.
On reprend alors, sans le savoir, une souffrance, un échec ou un schéma qui appartient à quelqu’un d’autre —et on le rejoue, par loyauté.
Des exemples concrets:
- Une femme qui ne dépasse jamais le niveau de réussite de sa mère, pour ne pas “faire mieux qu’elle”.
- Un homme qui échoue dans ses projets, car dans sa famille, on valorise les petites choses, la discrétion, la modestie.
- Quelqu’un qui ne s’autorise pas à être heureux en amour, par fidélité à une mère abandonnée ou à un père blessé.
- Une personne qui reste dans un métier ou une ville qu’elle n’aime plus, parce que “ça ne se fait pas de partir”.
- Une autre qui culpabilise d’être libre ou joyeuse alors que sa famille porte encore le poids d’un deuil ou d’un trauma.
- Etc.
On ne s’en rend pas toujours compte, mais ces loyautés peuvent saboter notre élan de vie, étouffer notre créativité, brouiller notre intuition.
Comment les travailler avec la méthode MTAC*?
Avec la méthode MTAC*, on n’essaie pas de “rompre” une loyauté de force.
On vient d’abord l’écouter, la nommer, la rendre visible.
Puis, on explore ensemble :
- À qui suis-je fidèle, consciemment ou non ?
- Qu’est-ce que je porte à la place de l’autre ?
- Est-ce que je m’interdis de réussir, d’aimer, d’exister librement ?
- Quelle place est-ce que je m’autorise à prendre ? Et pourquoi ?
Le travail se fait en douceur. On restitue ce qui ne nous appartient pas. On reprend ce qui est à nous. On honore nos origines sans se confondre avec elles.
Se libérer sans renier. Pardonner parfois. Reprendre sa juste place toujours.
Travailler sur ses loyautés, ce n’est pas rejeter son histoire, ni se couper de ses proches. C’est reconnaître ce qui a été, avec respect, tout en choisissant de ne plus vivre à la place d’un autre.
C’est retrouver sa juste place. Et enfin, commencer à vivre sa propre vie.
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